• Bonjour !

    Voilà un serieux moment que j'ai délaissé mon blog...

    Je voulais vous présenter un poème que je trouve magnifique.

    C'est un poème d'Aragon :

    Ce que dit Elsa
    Louis Aragon (1897-1982)


    Tu me dis que ces vers sont obscurs et peut-être
    Qu'ils le sont moins pourtant que je ne l'ai voulu
    Sur le bonheur volé fermons notre fenêtre
    De peur que le jour n'y pénètre
    Et ne voile à jamais la photo qui t'a plu

    Tu me dis Notre amour s'il inaugure un monde
    C'est un monde où l'on aime à parler simplement
    Laisse là Lancelot laisse la Table Ronde
    Yseut Viviane Esclarmonde
    Qui pour miroir avaient un glaive déformant

    Lis l'amour dans mes yeux et non pas dans les nombres
    Ne grise pas ton cœur de leurs philtres anciens
    Les ruines à midi ne sont que des décombres
    C'est l'heure où nous avons deux ombres
    Pour mieux embarrasser l'art des sciomanciens

    La nuit plus que le jour aurait-elle des charmes
    Honte à ceux qu'un ciel pur ne fait pas soupirer
    Honte à ceux qu'un enfant tout à coup ne désarme
    Honte à ceux qui n'ont pas de larmes
    Pour un chant dans la rue une fleur dans les prés

    Tu me dis laisse un peu l'orchestre des tonnerres
    Car par le temps qu'il est il est de pauvres gens
    Qui ne pouvant chercher dans les dictionnaires
    Aimeraient des mots ordinaires
    Qu'ils se puissent tout bas répéter en songeant

    Si tu veux que je t'aime apporte-moi l'eau pure
    A laquelle s'en vont leurs désirs s'étancher
    Que ton poème soit le sang de ta coupure
    Comme un couvreur sur la toiture
    Chante pour les oiseaux qui n'ont où se nicher

    Que ton poème soit l'espoir qui dit A suivre
    Au bas du feuilleton sinistre de nos pas
    Que triomphe a voix humaine sur les cuivres
    Et donne une raison de vivre
    A ceux que tout semblait inviter au trépas

    Que ton poème soit dans les lieux sans amour
    Où l'on trime où l'on saigne où l'on crève de froid
    Comme un air murmuré qui rend les pieds moins lourds
    Un café noir au point du jour
    Un ami rencontré sur le chemin de croix

    Pour qui chanter vraiment en vaudrait-il la peine
    Si ce n'est pas pour ceux dont tu rêves souvent
    Et dont le souvenir est comme un bruit de chaînes
    La nuit s'éveillant dans tes veines
    Et qui parle à ton cœur comme au voilier le vent

    Tu me dis Si tu veux que je t'aime et je t'aime
    Il faut que ce portrait que de moi tu peindras
    Ait comme un ver vivant au fond du chrysanthème
    Un thème caché dans son thème
    Et marie à l'amour le soleil qui viendra

    J'espère que vous avez aimez ces quelques strophes qui offre un temps de bonheuret dont les vers sont magnifiques !

    A bientot pour de nouveaux plaisires, de nouveaux poètes...

     


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